THE CROW chez Vestron en 2022 !

Cela vaut bien son sujet.
The Crow est à la base un comic underground culte que l'on doit à James O'Barr. Habitant de Detroit, suite à la mort tragique de sa fiancée, renversée par un chauffard, l'homme va mettre toutes ses tripes dans la création de ce titre-somme. Suivant la trame d'un amoureux assassiné avec sa chérie par des loubards, qui revient à la vie pour se venger de ses bourreaux, il marque surtout par tout un tas d'éléments à la fois personnels et qui résonnent en chacun de nous. L'ultra-violence gratuite côtoie le fantastique dans une imagerie gothique, mais le récit est aussi ponctué de scènes de deuil à fleur de peau et de poésie classieuse, un romantisme profond qui laisse place aux émotions les plus humaines. Cela est traduit également par le graphisme, car O'Barr y va là aussi avec le coeur, multipliant les expérimentations et les techniques brutes.
Vous l'aurez compris, The Crow, dont l'édition définitive a eu droit à son édition française il y a dix ans, est une BD marquante chez moi.

D'abord traduit par l'indé Le Disjoncteur il y a près d'une trentaine d'années, la reconnaissance est aussi venue grâce au film éponyme d'Alex Proyas avec le regretté Brandon Lee, tout aussi touchant et mémorable, qui traduisait en images et en musique tout ce que je viens de décrire ci-dessus. C'est bien cette sensibilité qui imprègnera la culture sous-jacente. Les éditions Réflexions se sont même montées en proposant The French Crow, des récits exclusifs par des artistes du terroir. Il y a huit ans, c'est Delcourt qui a repris la franchise pour quelques beaux albums. Et cette année, c'est au tour de Wetta !

Durant le premier semestre 2022 sont ainsi programmés 4 albums, dont voici le détail ci-dessous. Bien sûr, il ne s'agit pas d'une réédition de la mini-série inaugurale, l'origine, la personnelle, le chef-d'oeuvre intemporel. Mais de spin-offs/séquelles venues avec le succès. Et il y a de quoi faire, car au fil des décennies, il y en a eu chez plusieurs éditeurs américaines différents, que cela soit chez Kitchen Sink, Todd McFarlane Productions, IDW, etc... Voilà le programme (bien sûr, vu notre éditeur, les dates de sorties et les visuels de couvertures ne sont seulement qu'à titre indicatif et peuvent hélas bouger entretemps) :

- 28 Janvier ou 25 Mars : The Crow : Fresh & Blood, de James Vance & la star Alex Maleev alors jeune, 96 pages noir et blanc, 15,95 €uros (soit une Crow au féminin, réédition, première publication chez Goutte d'Or en 1998)
- 25 Mars : The Crow : Curare, du créateur James O'Barr & l'artiste français Antoine Dodé, 96 pages couleur, 15,95 €uros
- 29 Avril : The Crow : Memento Mori, des Italiens Roberto Recchioni & Werther Dell'Edera, 112 pages, 16,95 €uros
- Juillet : The Crow : Wild Justice, de Jerry Prosser & la star Charlie Adlard (oui, Monsieur Walking Dead), 96 pages couleur, 15,95 €uros (réédition, première publication sous le titre The Crow : Midnight Legends vol.1 'Pas de Quartier' en noir et blanc chez Delcourt en 2014)

Très bonne idée de sujet Duke !!!

J'ai lu le Scalp des Loups la semaine dernière et en fait je connaissais ce récit et j'ai toujours bien accroché à la relecture

J'ai feuilleté le Maleev ce midi, je vais peut-être craquer... à moins que Fred m'envoie un SP ^^

Nan

Flesh & Blood et Wild Justice, j'ai déjà leur première édition française, donc je ne reprendrai sûrement pas.
J'attends donc les inédits Curare et Memento Mori. Bonne lecture à toi (c'est court, ça ira vite).

Pas encore acheté, j'hésite toujours ^^

Je viens de relire ces derniers jours les albums VF spin-off au The Crow de James O'Barr (hors ces pépites fort recommandables que sont l'oeuvre originelle et les French Crow, donc). J'ai donc relu les éditions antérieures de deux des quatre (premiers ?) bouquins annoncés par Wetta chez Vestron. Il s'agit du premier et du dernier de la liste écrite dans le premier post de ce sujet. En voici donc mon avis vite fait.

The Crow : Flesh & Blood est un des premiers spin-off. Il s'agit ici de la première fois d'un personnage féminin. Ah, oui, parce que chaque histoire traite d'un personnage différent, et non pas de celui originel, Eric Draven. On trouve les mêmes qualités et défauts que sur le précédent, Dead Time. Une mini-série en trois parties qui véhicule les clichés grossiers de l'époque, aux dialogues hélas trop courts. De la vengeance qui tire à la ligne sans creuser. Si la lecture n'est pas des plus plaisantes, par contre graphiquement c'est de haute volée. On a là aussi un jeune Alex Maleev, qui donne tout ce qu'il a, dans un travail solide et détaillé... a défaut d'être irréprochable narrativement parlant !

The Crow : Wild Justice a été une très bonne re-découverte. Le scénariste Jerry Prosser raconte un évènement de trois points de vue différents. Ce qui est déjà un joli exercice de style. Mais aussi et surtout, il s'intéresse à l'origine du concept, puis le creuse pour en révéler toute les complexités. C'est franchement intéressant et bien vu, même si ça s'inscrit dans un récit d'action. Action qui a le luxe d'être illustrée par monsieur Charlie Adlard, à la maestria cool renversante, usant d'un encrage de toute beauté. Oui, si vous n'avez pas, c'est là assurément une belle pioche de la part de Fred.

Merci pour tes avis Duke !!

J'ai laissé passer Flesh & Blood, que j'ai dans sa première édition française qui date d'il y a biiieeeeeen longtemps ; et j'ai récemment fait l'acquisition de Curare. Il s'agit d'une mini-série en 3 épisodes sorti chez IDW il y a 8 ans. Elle présente plusieurs particularités.

The Crow : Curare est une proposition écrite par le créateur de The Crow lui-même, à savoir James O'Barr ; et illustré par le dessinateur français Antoine Dodé. Déjà, ça, ça fait envie. Mais le pitch également : on y suit un flic taciturne à la retraite hanté par un cas non résolu : le viol et le meurtre d'une fillette... qui revient sous forme de fantôme, lui permettant de poursuivre l'enquête. Autant le dire tout de suite : on a là un très très bon récit de The Crow... Et j'irai jusqu'à dire tout simplement une très bonne BD tout court ! Alors certes les éléments invoqués sont classiques, et l'histoire un peu à l'étroit dans cet espace réduit. Mais tout ce qui est proposé là par un O'Barr très inspiré et généreux à de quoi marquer le lecteur. Attention aux esprits sensibles : le ton de ce titre est extrêmement glauque et mal-aisant, l'auteur nous entraînant avec détail dans les bas-fonds les plus sordides et noirs de l'âme humaine. Il faut avoir les tripes bien accrochées, car on en ressort secoué.

En cela, on n'est pas prêt d'oublier cette lecture. Pour contrebalancer ça, l'auteur à choisi un dessinateur au style relâché, absolument pas comics, mais tout à fait franco-belge. Si ça paraît un peu brouillon, avec une colo vite faite, d'un autre côté ça aide à faire passer la pilule. Et ça relève aussi la poésie qui crève le coeur saupoudrée ça et là dans sa sombre histoire par O'Barr. Franchement, je ne peux que dire bravo monsieur O'Barr pour ce travail ; et merci de nous remuer comme cela. En bonus on a quelques illustrations en plus. Et une préface très instructive des auteurs, qui hélas spoilent, donc perso je l'aurai mis plutôt en postface. Et la couverture finale, que voici ci-dessous, est une simple reprise de planche intérieure qui évoque peu de chose ; j'aurai préféré celle initialement prévue, bien plus équivoque (voir plus haut).

Merci Duke pour cette review, j'hésitais un peu mais tu m'as convaincu, je le note sur ma wishlist

The Crow : Memento Mori vient de sortir cette semaine. Que des auteurs italiens dans cet album, à commencer par Roberto Recchioni & Werther Dell'Edera. 112 pages couleur, 16,95 €uros. La couverture a changé par rapport à ce qui avait été annoncé au départ, concrètement maintenant il s'agit de celle-là, signée Francesco Francavilla. (Oui, je viens de le commander.)


Et Fred annonce un nouvel album, en dehors des premiers. Et j'en suis plus que content, puisque je rêve de lire ce titre depuis des décennies. Il traduira la série The Crow de Todd McFarlane Productions. Il s'avère qu'il s'agit d'une sorte de remake du récit original de James O'Barr, en se calant sur le film tout aussi culte d'Alex Proyas. Ce sera divisé en deux tomes et ça s'appellera The Crow : Resurrection. Les auteurs en sont John J. Muth au scénario, et Jamie Tolagson puis Tommy Lee Edwards au dessin. Le premier opus est attendu courant Octobre prochain, 128 pages couleur pour 18,95 €uros.

J'ai enfin lu hier soir The Crow : Memento Mori.
Et ça se lit vite. La mini-série en 4 parties en titre a un rythme très décompressé.

Mais ce n'est pas inintéressant. Pourtant, le protagoniste et le sujet de cette histoire sont très culs-bénis, ce qui peut se révéler un peu hermétique et repoussoir. Mais la "réalité" dans laquelle ça s'incrit fait qu'on lit ça bien. C'est à la fois très simple et mystérieux, ponctué de scènes d'action réussies et surtout très gores. Et le final redonne un intérêt certain, d'autant que ce rebondissement retourne l'histoire comme une crêpe. Bref, finalement, bien que rapide, c'est bien vu de la part de Roberto Recchioni.
Graphiquement, le trait de Werther Dell'Edera est chouettement gratté, impressionnant à peu près autant que sa mise en scène très efficace.

Figurent également dans cet album 4 courts récits de 4 pages chacuns, là aussi signés d'auteurs italiens. On a Scalera & Dinisio, Furno, Beltramini & Serra. Courts mais réussis, impactants. Et graphiquement, 4 styles tout à fait différents, mais il y a assurément du très bon là-dedans. On attend les autres albums, dont la liste est en fin d'ouvrage, et qui comprendront aussi la réédition de ce qui était sorti précédemment chez Delcourt.

The Crow : Resurrection tome 1 (sur 2) est sorti le Vendredi 25 Novembre 2022. Je l'ai reçu et lu ce week-end.
On a là les 5 premiers épisodes de la série sortie jadis par Todd McFarlane Productions chez Image Comics. Le créateur James O'Barr n'en est pas l'auteur. C'est écrit par l'artiste Jon J. Muth. Les 3 premiers épisodes sont une sorte de mix remake de la série originale et du film d'Alex Proyas, tout du moins des morceaux choisis. Pour qui connaît déjà, ça peut sembler du réchauffé, mais c'est raconté différemment - même si trop vite. Les dessins de Jamie Tolagson sont eux aussi différents ; la colorisation de Mark Nicholas style aquarelle est pertinente. Ce qui suit est totalement inédit, une sorte de séquelle. Mais c'est hélas atrocement raconté, avec de nouveaux personnages inconnus qui apparaissent comme un cheveu sur la soupe, propos abscons... Bref, difficile de comprendre clairement ce qu'il se passe. Et c'est bien dommage. Alors que cela fait des décennies que je rêve de découvrir cette production, je dois avouer que le verdict est mi-figue mi-raisin. La narration, partagée entre parti pris très auteur et indé, et juste des événements saccadés, n'aide vraiment pas à apprécier le titre comme il se doit. On va attendre la suite et fin avec le tome 2 prévu pour le 27 Janvier 2023, voire une relecture, pour réellement apposer un jugement définitif.

Le tome 2 (sur 2) de The Crow : Resurrection est sorti le 24 Février dernier. Il s'agit de la seconde moitié de la série sortie par Todd McFarlane Productions en 1994. L'artiste Jon J. Muth en est toujours l'écrivain, et le sentiment reste le même. De mystérieux personnages, de drôles d'intrigues, de nombreuses ellipses... Pas toujours simple de bien comprendre ce que l'on lit, la narration étant certes originale, mais surtout un peu mal foutue. Dommage, car il y a quand même des bonnes idées, même si elles ne sont pas totalement développées. La fin de la série (pas une vraie fin, vraisemblablement) est plus claire, car l'auteur change, il s'agit là de John Kuramoto. La lecture aura été assez frustrante, par son rythme haché et le petit format de l'éditeur Wetta/Vestron.

Graphiquement, Jamie Tolagson aura bien sympathiquement et joliment illustré la majorité de ce titre, en nous faisans le plaisir de revenir sur la fin. Les autres artistes de cet opus sont dans la même mouvance de style polar comics indés, et sont deux noms connus pour ce genre : Michael Gaydos et Paul Lee. Cela reste plus fonctionnel que vraiment du dessin détaillé. La colorisation de Mark Nicholas consiste finalement à garder des mêmes tons sur la longueur, ce qui instaure une ambiance ; mais l'utilisation lourde du filtre aquarelle, qui me plaisait au début, se révèle en fait barbant - et surtout écrase le dessin, ne favorisant pas la compréhension.

The Crow : Waking Nightmares. Oui, je sais, il est sorti le moi dernier. Mais je ne l'ai pris que récemment.
Il s'agit là d'une mini-série en quatre épisodes datant de 1997. Et franchement, ça n'a aucunement vieilli. Le scénariste Christopher Golden, connu pour son travail auprès de Mike Mignola et ses romans, écrit un récit qui respecte bien entendu tous les codes de la formule inventée par James O'Barr. Il reste dans les clous, l'originalité venant surtout du lieu et de la quête personnelle de son protagoniste. Tout cela est très carré, mais c'est bien écrit. Ce que j'ai surtout aimé, c'est la partie graphique, ce qui n'est pas une surprise vu l'artiste. Phil Hester a un style que l'on pourrait rapprocher du cartoon, mais la précision de son trait fait qu'il est reconnaissable. On peut ne pas adhérer, mais pour ma pomme, j'apprécie vraiment. Le gars maîtrise, avec des compositions toujours impactantes, et une application dans le clair/obscur. D'autant plus que l'on admire ici ses planches en pur noir et blanc (et trame). Visuellement somptueux, donc. Il ne faut pas rechigner à ce plaisir.
Prochain titre pour moi : Lethe dans un mois.

J'ai lu ce week-end The Crow : Lethe, sorti il y a une dizaine de jour. Il s'agit là d'un des dérivés les plus récents. Une mini-série en 3 épisodes, suivie d'un one-shot. Scénariste et coloriste sont les mêmes, seul l'artiste change. Quatre épisodes dans un bouquin petit format souple, à peine 100 pages pour presque 17 €uros... c'est du luxe ! Mais la lecture est (vraiment) bonne, une belle surprise tout de même.

La mini-série en titre, donc, brille par son originalité, ou plutôt par ses originalités, qui sont légion. Le geek Tim Seeley nous présente des artistes de cirque itinérant, avec un protagoniste sans souvenirs qui ne ressent aucune douleur. Craignant son passé, il voit ses nouveaux amis attaqués par un être aussi balaise que diabolique. Les réponses viendront au fil des pages de la lecture, allant de rebondissement en rebondissement. Tout cela est iconoclaste, et le dessin d'Ilias Kyriazis y va à fond aussi dans le bizarre. De facture classique, il ne rate jamais une occasion de proposer des scènes à la narration hyper dynamique, transformant les cases en images figuratives. Mystère et bizarre n'ont jamais fait aussi bon ménage dans ce récit haut en émotions fortes répétées, non sans action tonitruante et gore détaillé. Une franche réussite.

On retrouve le scénariste Tim Seeley et Katrina Mae Hao à la très bonne colo dans le one-shot final. Aucun rapport. Ici la narration est plus classique, tout comme le genre qui reste un simple récit de vengeance lambda. C'est Noël et c'est dans la neige, mais à part ça, il n'y a pas grand chose de plus à explorer. Script et dessin de Meredith Laxton tirent trop à la ligne - surtout en comparaison de la qualité qui précède.



Le prochain album The Crow que sortira Wetta/Vestron sera Skinning the Wolves, le 25 Novembre. Je ferait l'impasse, car j'ai déjà la précédente édition VF, qui a été chez Delcourt. Il s'agit d'une histoire réalisée par Jim Terry, coécrite par monsieur James O'Barr, se situant en 1945 dans un camp de concentration. De la grosse vengeance pas très fine contre les Nazis, qui se lit vite mais qui n'est pas déplaisante.

Merci pour ta review Duke, je le note.

Comme toi j'ai déjà la version Delcourt du prochain