The Gutter : la parodie qui dévoile les dessous des comics

Bonjour à tous,

J'ai déjà eu l'occasion d'intervenir de temps en temps sur ce forum, c'est tout de même une première aujourd'hui puisque non seulement j'ai la joie et l'honneur d'inaugurer le label Cuult mais aussi parce que j'interviens en tant qu'auteur.

J'en arrive directement au but, The Gutter, une parodie qui sera publiée en septembre chez Wetta, sous son label Cuult.
Une création 100% française donc, pas une adaptation.  

Alors, de quoi ça parle ? Eh bien, de comics !
Un tas de personnages (très connus ou plus confidentiels) ont été regroupés dans un bar (le Gutter) et soumis, notamment, aux effets de l'alcool.
Ils vont ainsi évoquer leurs costumes, leurs moyens de locomotion, les sempiternelles résurrections ou encore certains auteurs.

C'est parfois explosif, trivial ou sexy. Parce qu'en réalité, Batman, Spider-Man, Bone, Rick Grimes ou Rorschach ne sont pas faits pour se rencontrer. Ni même pour réfléchir à leur statut.
Et pourtant, c'est ce qui arrive dans ce bar, méconnu mais... très bien fréquenté. ;o)

Tous les détails (sur les bonus notamment) ainsi qu'un petit teaser ici.

Je précise que je décline toute responsabilité si certains personnages en venaient à vomir ou avoir des relations sexuelles dans la batmobile en l'absence de Batman.

Plus sérieusement, on va essayer de vous tenir en haleine en vous présentant un peu divers aspects du binz dans les prochains mois. ;o)

Sympa comme news et bonne chance à ton projet !

Visiblement Emma Frost a un souci sur la couv ^^

Thanks.

Pour Emma, on va dire que, parfois, sur les photos de classe, on n'est pas toujours bien placé. ;o)

Bonjour, Neault ! Merci de venir faire partager ton projet à venir chez Wetta. En cliquant sur le titre du sujet, je croyais que c'était une ode au web comic strip américain The Gutters. Egalement une parodie du monde ses comics. Sauf que c'est très rarement drôle. Et que c'est fini.
Je suis pour une créa fançaise de ce type. J'ai adoré le Cosmic Patrouille de Mauricet, hélas ça n'a pas pris et il y a peu d'albums. Ici, ça semble être un récit en continue. Si c'est blindé d'humour réussi, ça devrait me plaire. Ce n'est pas un problème, niveau juridique, de mettre en scène des personnages de grosses licences qui ne t'appartiennent pas ? Avez-vous, toi et tes artistes, réalisés d'autres BDs avant ?

Hello Duke,

Ce n'est pas un récit en continu, plutôt des épisodes thématiques, de deux, trois ou quatre planches (même s'il y a un fil conducteur tout de même).

La parodie est une exception au droit d'auteur, si l'on respecte quelques règles, il est tout à fait possible "d'emprunter" des personnages :
- le but doit être humoristique (clairement le cas ici)
- il ne doit pas y avoir de possibilité de confusion avec l'oeuvre parodiée (ce qui est le cas étant donné qu'en réalité on ne parodie pas un titre en particulier et que l'on mélange un tas de personnages, qui vont de Batman, Spider-Man, à Hellboy, Bone, Spawn ou Rorschach par exemple)
- les propos tenus ne doivent pas porter préjudice aux auteurs de l'oeuvre originale

Pour ma part, c'est ma première BD (j'avais écrit par le passé d'autres projets qui n'ont pas abouti).
Jusqu'à présent, j'avais surtout publié des nouvelles, dans des magazines comme Lanfeust Mag ou Khimaira.

Pour Sergio, il a auparavant réalisé la série Zéro-Force, au sein du studio Climax Comics, qui est devenu l'actuel Makma.

J'espère que ça répond en partie à tes questions. ;o)

Thanks. ;o)

Merci pour ta réponse complète et détaillée, Neault. Et il y aura Spawn aussi dedans, tu dis ? Ah ben hop, sur ma liste !

De rien. ;o)

Alors, je précise pour ne pas t'induire en erreur que tous les personnages n'ont pas forcément un rôle important. Certains, très connus, ont du "texte" et se retrouvent dans plusieurs épisodes, d'autres font parfois de la figuration ou ont un rôle plus mineur.
Spawn fait partie simplement des "clins d'oeil" que l'on retrouvera dans l'album.

Certains clients du bar, certains objets ou parfois certains textes font référence à diverses séries (Powers, The Walking Dead, The Boys, Preacher, Sandman, Judge Dredd, Transmetropolitan, Howard the Duck, Strangers in Paradise...). C'est un peu un deuxième niveau de lecture. Les épisodes sont compréhensibles par un néophyte mais les amateurs de comics pourront reconnaître les références parsemées un peu partout.

T'inquiètes, Neault, c'est un peu ce que j'avais compris, l'idée que je m'en faisais.
Je n'ai pas attendu que tu mentionnes Spawn pour m'y intéresser.
Ce n'est pas demain la veille que ça va sortir, mais j'ai hâte.
C'est un one-shot ou une hypothétique série ? Ce sera au format franco-belge cartonné ? Une idée du prix ?

Ok, je préférais préciser pour ne pas générer un achat sur un malentendu. ;o)

Alors, c'est prévu comme un album avec une vraie fin, mais bon, c'est encore trop tôt pour évoquer l'éventualité d'une suite, ça dépend d'un tas de choses qui ne dépendent pas (toutes) de moi.

Aucune idée du prix pour le moment. Pour le format, non, ça ne sera pas du franco-belge (plus petit) ni du cartonné a priori (softcover donc).

Ce que je sais avec certitude pour le moment, c'est que la version papier contiendra des bonus exclusifs, assez variés et que j'ai voulu "utiles" dans la mesure du possible :

- Le teaser (l'épisode promotionnel dévoilé vendredi sur le net), ce qui fait deux planches de BD en plus (46 planches BD donc en tout)
- une cover alternative (un classique)
- une illustration qui contiendra en fait une sorte de jeu
- la classique évolution des planches, avec un comparatif crayonné/encrage/colorisation
- deux cases colorisées dans un style très différent de celui pour lequel on a finalement opté
- un entretien qui reviendra sur la genèse du projet
- la présentation de neuf personnages secondaires, moins connus mais qui ont un rôle important dans la série, et d'un "objet" que je ne dévoile pas encore mais dont il est souvent question
- un scénario alternatif de l'un des épisodes (ici, le but est double, cela permet aux lecteurs de découvrir un peu comment une BD se construit - ce que l'on a déjà pu voir dans bien des comics - mais, pour rajouter un intérêt supplémentaire, il s'agit d'une version légèrement différente, que l'on n'a finalement pas retenue, avec un personnage qui change)

Je peux encore rajouter quelques infos au sujet des spécificités de cette parodie :

- plutôt que des gags courts, il s'agit d'épisodes "longs", de trois planches en moyenne, permettant d'installer un véritable échange et d'explorer une thématique, les dialogues sont donc très importants, même si quelques épisodes plus brefs et visuels viennent parfois apporter une "respiration"
- plutôt que simplement utiliser l'image iconique des personnages (je vois souvent des parodies avec par exemple Batman à la plage, ou dans une salle de classe, ce qui peut être drôle aussi, mais ce qui ne m'intéressait pas), j'ai essayé de mettre en scène les personnages que l'on connait, avec leur vécu éditorial
- enfin, les personnages existent réellement, ils ont des pouvoirs pour de bon, mais ils ont conscience d'être écrits, ce qui permet d'aborder des sujets spécifiques, liés aux scénaristes par exemple ou aux tics du genre super-héroïque

Voilà à peu près tout ce que je peux dire pour le moment. ;o)

... Et ça fait encore plus envie... !

Hum hum, vu sur le blog de Neault : c'est mort votre partenariat sur ce titre ?

Arf, c'est dommage, ça. En tout cas merci à Neault pour nous avoir fait partager son projet.

Oui, c'est mort.
Bonne chance à lui.

Bonjour à tous,

Juste un mot pour ceux qui ont manifesté de l'intérêt pour ce projet ; The Gutter sera publié chez Nats Editions le 29 février prochain.

L'album est déjà dispo en précommande.

76 pages - 15 euros - format 21 x 29,7

Tous les détails et quelques planches sur cette page.

C'est noté ! Heureux de constater que, même si hélas ce n'est finalement pas chez Wetta, ça va bel et bien se faire...

Album The Gutter de Cyril Durr & Sergio Yolfa (qui vient de paraître finalement chez Nats Editions) commandé et lu.
Je ne sais pas si Neault repassera sur le forum, mais au cas où, je viens ici exprimer mon avis.

Tout d'abord, je ne suis pas complètement convaincu par la forme, désolé. La couverture souple n'est pas des plus pratique. Le grand format large n'est pas justifié, compte tenu de l'importance des marges blanches, les planches auraient pu être représentées plus grandes. Des bonus, c'est toujours le bienvenu, mais n'est-ce pas ce prendre un peu trop au sérieux ?

La BD en elle-même par contre demeure une lecture ma foi tout à fait sympathique. J'avoue que malgré mon enthousiasme, le feuilletage m'avait un peu fait peur : le statisme du concept (des discutions dans un bar) n'allait-il pas être une déception ? Si les chutes tombent souvent à plat, elles ne sont heureusement pas le but de ces histoires courtes de quelques pages. L'humour passe par ces dialogues enlevés, constitués de commentaires méta et de mitraillages de vannes. Qui aime bien châtie bien, et le pauvre Spider-Man est celui qui en prend le plus pour son grade. Si l'on ne rigole pas à se tenir le ventre, le sourire aux lèvres est permanent. Si le concept parodique est très léger, la réalisation, dans ses limites, est réussie. Même avec un langage fleuri, la déconnade est gentille. Une récréation qui permet de souffler, pas toujours des plus fines et transcendantes - brêves de comptoirs oblige... pas impérissable mais pas mauvais.

Hello Duke_Oliver,

Et merci pour ton achat et cet avis. ;o)

Je viens de voir ton post et je voulais réagir à un propos en particulier, qui m’a étonné : « des bonus, n’est-ce pas se prendre un peu trop au sérieux ? ».

J’avoue que je ne comprends pas bien la question, mais je vais tenter d’expliquer la présence de ces fameux bonus. Et de ce « sérieux ».

D’abord, je prends très au sérieux mon travail. Ce serait dramatique sinon. J’écris depuis une quinzaine d’années, mes premiers écrits publiés (des nouvelles) remontent à dix ans, il ne s’agit donc pas pour moi d’un hobby mais d’un investissement personnel énorme sur le très long terme. Se prendre au sérieux est une très bonne chose à partir du moment où le sérieux, on le met dans le travail et pas dans l’esbroufe (le nombre d’éditeurs ou d’auteurs qui feraient bien de prendre leur taf un peu plus au sérieux… même de grandes maisons d’ailleurs).  

Ensuite, l’album a été conçu pour faire références aux comics à de multiples niveaux : les titres anglais des épisodes, la pagination des différentes parties (22 planches), et la présence de bonus, que l’on retrouve énormément dans les TPB US.

Ces bonus ont selon moi une utilité réelle. Cela permet par exemple notamment de faire un topo sur certains personnages secondaires, connus des fans mais certainement pas du grand public (Rorschach, Midnighter, Bone, etc.). Ces informations me semblaient essentielles pour permettre à tout le monde de situer les intervenants importants (voire pour avoir des pistes de lecture).
Parmi ces bonus figure également un épisode à la base destiné à la promotion sur le net, ça me semble cohérent de le rajouter.
Enfin, j’ai souhaité qu’il y ait des éléments qui dévoilent une partie du travail de réalisation de la BD, tout simplement parce que, en tant que lecteur, c’est quelque chose que j’aurais apprécié. J’ai eu d’ailleurs plutôt des retours positifs à ce niveau.

Ces éléments, là encore je les ai voulus le plus pertinents possible, par exemple le scénario qui est publié n’est pas le scénario classique d’un épisode présent, mais sa version légèrement modifiée.
Et puis, pour ne pas trop se « prendre au sérieux », on a même un petit jeu, qui permet là aussi de ne pas avoir une simple illustration bonus et d’ajouter un petit plus.

D’une manière générale, ayant réussi à conserver le contrôle artistique total sur cet album, j’assume le résultat final qui correspond à la vision que j’en avais.

Pour le format, je ne m’étends pas sur les raisons techniques, mais c’était le seul possible et surtout celui qui amenait le meilleur confort de lecture.
La softcover est une proposition de l’éditeur pour des raisons de coût  (une petite maison étant déjà obligée de pratiquer des prix plus élevés pour diverses raisons : tirages plus faibles donc prix plus important à l’unité, remises plus élevées après négociations avec les gros groupes, etc.), il était inutile d’opter pour une hardcover.
D’ailleurs, je m’y étais opposé sans même prendre en compte les considérations économiques. En effet, je trouve que balancer des hardcovers luxueuses à tout va serait là, pour le coup, se prendre un peu trop au sérieux. Le joli écrin, pourquoi pas pour une Intégrale (si une suite se fait, ce qui n’est pas dans mes priorités actuellement), mais ça n’est pas justifié pour le moment.

Cette question de la cover (qui est la critique qui revient souvent, tu n’es pas le seul à t’en plaindre), tiens aussi sans doute à un aspect culturel. De nos jours, tout le monde est habitué aux couvertures en dur, mais dans ma jeunesse, il n’était pas rare de trouver de très nombreux albums franco-belges dans ce format (Buck Danny, Lucky Luke, Les Tuniques Bleues…), sans parler des TPB américains actuels. Je les ai conservés des dizaines d’années sans qu’ils soient abimés. Après, comme je l’ai dit à un ami qui m’objectait qu’il ne fallait pas le laisser trainer par terre sinon on retrouverait l’album en boule, sa place est dans une bibliothèque ou sur une table de chevet, la cover n’est pas « l’armure » du livre destinée à le protéger des mauvais traitements. ;o)

Voilà, c’était les points sur lesquels je souhaitais apporter quelques précisions.
Merci encore pour ton intérêt.

Salu Neault.
J'ai bien compris les références aux comics V.O. dans le parti-pris de la structure du bouquin.
Pour la couverture, je n'ai en général aucun problème avec le softcover. C'est comme cela que j'achète mes albums V.O.. je ne suis pas de ceux qui ne jure que par le luxe du cartonné, j'aime aussi le côté populaire des autres présentations. Pour en revenir à The Gutter, le souci vient plus à mon sens de la trop grande taille du livre.
Concernant les bonus, oui dans un sens on peut percevoir ça comme étant généreux. Et je suis d'habitude un friand des making-of. Mais ici ils prennent trop de place et ne valent pas tous le coup. Tout ça, alors qu'il s'agit juste d'un divertissement parodique, je trouve ça too much. Le faire avec sérieux, oui, ça va de soi. Se prendre autant au sérieux, peut-être pas. Mais je le répète, hormis cette forme éditoriale sud je ne trouve pas des plus adaptées, The Gutter est une proposition bien sympa et rafraîchissante... comme boire un coup entre potes dans un bar, quoi !

Pour la taille « trop grande », encore une fois les planches sont conçues comme ça, plus petit, ça n’aurait pas été aussi lisible ni harmonieux.

Les bonus sont des… bonus, ils ne peuvent donc pas, par définition, prendre « trop » de place. Ils n’empiètent sur rien, ils sont là en plus des planches BD.

« Tout ça alors qu’il s’agit juste d’un divertissement parodique. »
Ah mais voilà d’où vient le problème.
Un auteur français, avec qui je parlais du projet il y a quelque temps, m’avait dit « ah mais attention, ce sont des personnages sous licences, il ne faudrait pas qu’une déconnade entre potes vous ramène des ennuis ».
Outre le fait que je suis toujours aussi étonné quand des auteurs ne connaissent pas les lois qui régissent leur travail (la parodie étant une exception au droit d’auteur), j’avais très mal pris l’expression « déconnade entre potes ».
La déconnade, elle est pour les lecteurs. Pour nous, ce fut un travail.

Ce n’est pas parce que c’est une parodie que l’on doit tout prendre par dessus la jambe. Ça demande le même investissement, les mêmes compétences, la même technique qu’un récit dramatique ou une histoire de SF ou n’importe quoi d’autre.
Il n’y a aucune raison pour qu’une parodie soit moins soignée sous prétexte qu’elle est destinée à divertir (que ce soit le texte, le découpage, la relecture, la couleur, les dessins, les bonus, etc.). Mais c’est effectivement une idée reçue très répandue.

Je me souviens d’Astier qui expliquait qu’au départ, la production voulait utiliser des décors en carton pour Kaamelott, parce que c’était une comédie. « On s’en fout, pas besoin de se faire chier » en gros. Ben non, on ne s’en fout pas.
Dans le même registre, ça me rappelle aussi l’anecdote de Lemaître, qui après avoir remporté le Goncourt en 2013, racontait qu’une de ses amies lui avait demandé un jour, après avoir lu un de ses polars qu’elle avait trouvé génial, quand il se déciderait à écrire « un vrai livre ». Eh bien les polars sont de vrais livres. Les parodies aussi.

Il n’existe pas de hiérarchie dans les genres permettant de baisser le niveau de qualité de la finition. Je m’investis de la même manière dans un roman « sérieux » que dans une BD parodique. Et si faire un travail avec soin et rigueur est synonyme de « péter plus haut que son cul » en France, alors effectivement, mon cul est à une altitude plus élevée que la moyenne, et j’entends bien qu’il y demeure. ;o)

Neault, j'ai l'impression que tu m'as un peu mal compris. Quand je parle d'humour parodique, je parle bien entendu de mon point de vue de lecteur. Ce que je suis, ce à quoi vous destinez votre BD. Je ne doute absolument pas du travail pris au sérieux dans la réalisation du livre. Je dessine moi-même (à titre privé), alors je connais l'investissement intellectuel que ça demande. Mes critiques que tu relèves, elles ne vont pas à la partie BD, mais à la partie bonus, dont on aurait pu se passer - et qui est par définition pas indispensable; Aussi, tu me dis que la grande taille était indispensable : mais alors pourquoi tant de marges blanches autour des planches ; justement elles auraient pu être reproduite plus grandes ? Pour la couverture souple, c'est je suppose cette trop grande taille qui fait qu'elle est du coup autant souple et peu pratique - et puisque tu faisais la comparaison avec les TPB V.O. ces derniers bien que softvover sont plus rigides que ton bouquin. Prends un peu de recul. Et je le répète, vu que tu sembles l'occulter : j'ai aimé ma lecture et trouvé bien sympa ta BD, généreuse et jolie, donc, eh, cool.